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labosonic, journal intime sonore

24 avril 2005

Entre deux gares - Jacques Higelin

Jacques Higelin fut durant de longues années un chanteur à qui l'on ne pouvait pas coller d'étiquette. Depuis près de 40 ans, il irradie la chanson française par sa présence, ses humeurs et sa réputation de chanteur-poète incontrôlable, généreux dans ses coups de cœur et sur scène, parfois jusqu'à l'excès. Ce printemps 2005 voit la sortie d'une anthologie sous la forme d'un double CD et d'un DVD. Voici donc une bonne occasion de revenir sur les 38 ans de carrière de ce très grand auteur-compositeur-interprète de la chanson française.

 

Personne n'a jamais pu trouver une case où l'enfermer en dehors de la confession qu'il réalisa lui-même en 1986 dans son album Tombé du Ciel. La chanson-titre, en effet, nous offre un autoportrait de cette personnalité de poète médiumnique, véritable intermédiaire entre son public et des cieux inspirateurs. Higelin chante comme il respire, comme il vit, comme il aime, sous la dictée d'un message mystique, au gré de son cœur et de ses émotions. Il a cette personnalité propre qui fait qu'il est toujours à mi-chemin entre Elvis Presley et Charles Trénet, entre fureur rock'n'roll et furie poétique, Entre deux gares, donc. Les parallèles sont d'autant plus faciles, qu'actuellement, il chante son répertoire sur scène, réussissant l'exploit de s'approprier le répertoire du fou chantant sans jamais tomber dans l'écueil du plagiat. On pourra même reconnaître le mérite à Tombé du ciel de rentrer dans le quatuor de tête des grands autoportraits-confessions de la chanson française aux côtés de Je chante de Trénet, de L'Homme à tête de chou gainsbourien ou du Je suis snob de Boris Vian.

 

Les disques respectent la chronologie et les premières amours d'Higelin ouvrent donc cette anthologie : la Java des chaussettes à clous, reprise de Vian, ainsi qu'un duo avec sa jumelle de cœur et d'excentricité : Brigitte Fontaine. Les premiers essais musicaux d'Higelin hésitent entre l'anarchisme gouailleur et l'expérimentation arty. Les plages, les années et les tubes s'égrènent tout au long du premier disque. L'artiste trouve vite son style caractéristique, oscillant entre la chanson à texte riche en émotion et les compositions dynamiques à l'anglo-saxonne. Banlieue Boogie Blues, nous rappelle qu'il fut un temps où Higelin concurrençait Téléphone en matière de rock'n'roll. Alertez les bébés et Pars, tous deux vibrants d'émotion, prouvent que la musique et les orchestrations peuvent se faire légères derrière une voix claire, haute et puissante. Champagne, extrait du diptyque Champagne pour tout le monde, Caviar pour les autres nous rappelle un opéra comique parodique avant que l'album ne se conclue par la poignante confession de J'suis qu'un grain de poussière. Cet étrange morceau, à l'ambiance bluesy et au long solo de banjo, est la parfaite illustration du talent de l'artiste, compromis réussi entre un texte nostalgique et une étrange orchestration country à la rythmique exotique et atypique. Précédé par l'aveu que constitue Tête en l'air, prémisse de l'autoportrait qu'est Tombé du ciel, L'attentat à la pudeur offre en ouverture du second CD l'écho de l'opérette commencée avec Champagne. La rétrospective du répertoire se poursuit, alternant chansons poignantes (Je ne peux plus te dire je t'aime, Vague à l'âme et Cayenne, c'est fini) et moments plus enthousiastes (Dans mon aéroplane blindé, Ce qui est dit doit être fait).

 

Le DVD, ajouté au coffret, tient plus du cadeau bonux que de l'anthologie, n'offrant qu'une intéressante interview télévisée et trop peu d'extraits de concerts. Ainsi pour les images d'un Tombé du ciel face à la pyramide du Louvre, reflet d'une période où trop d'engagement scénique et politique surexposait l'artiste, on a droit à des raretés télévisées qui, quelles que soient leurs qualités, n'égaleront jamais la densité émotionnelle de grands concerts, comme ceux des années 70 ou cet instant magique où il transforma le public des Francofolies en un champ de tournesols, exemple typique d'un chanteur qui est autant poète dans ses actes que dans ses textes.

 

Il ne reste, après la découverte de ce coffret, qu'une impression mitigée : un DVD trop faible et des disques qui, s'ils alignent de très grands succès, n'arrivent pas à atteindre leur vocation anthologique par manque d'exhaustivité. Quelques graves lacunes demeurent et ces deux disques ne parviennent pas à balayer l'intégralité du répertoire d'Higelin. Où est donc la touchante Croisade des enfants (très rare exemple d'une chanson française pour enfants audible par leurs parents sans aucun risque de crise de nerf)? Pourquoi avoir passé sous silence le subtil et voluptueux Cigarette? Peut-être qu'un troisième disque à la place du DVD aurait été plus judicieux...

 

Cette critique est initialement parue il y a trois semaines dans Points de vue, un webzine culturel auquel je collabore et sur lequel vous retrouverez toutes mes humeurs musicales en exclusivité.

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13 avril 2005

Human after all - Daft Punk

Daft Punk a réussi avec son premier album, Homework, ce qu'il convient d'appeler un coup de maître. C'est en effet en 1997 que sort ce qui est considéré comme l'album majeur d'un genre appelé la "French Touch". Ce style, caractérisé par une house music aux sons distordus, de nombreuses références discrètes aux années 80, des boucles répétitives et entêtantes, a énormément fait danser et vendu des milliers de disques, grâce à son efficacité ravageuse. Le genre se popularise rapidement, la formule magique des Daft Punk contamine la danse music et on assiste très vite à l'apparition de copies, pas toujours très heureuses, qui surfent sur le succès de la première réalisation.

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Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo mettent alors leur duo un moment entre parenthèses. Chacun développe des projets personnels : des labels qui exploitent le filon de la disco synthétique qu'ils ont ressuscitée. Thomas surprend même en réalisant la très réussie bande originale d'Irréversible de Gaspard Noé. Il prouve alors qu'il est aussi capable d'une musique sombre, glauque, malsaine, à l'image de ce film. Pour compléter le portrait de Daft Punk, on ne peut passer sous silence leur sens inné du marketing : ils apparaissent masqués, gèrent leurs affaires avec succès, préservent leur intégrité musicale en refusant de prêter leur musique à des fins qu'ils ne désirent pas (jingles télévisés, campagnes présidentielles ...). Ils inventent ainsi une nouvelle forme de marketing tendance, le "buzz", jouant sur leur identité au point d'en faire un secret de polichinelle pour le microcosme de la branchitude parisienne.

 

Discovery, leur deuxième réalisation, créait à sa sortie la polémique : coup de génie pour les uns, escroquerie pour les autres. Les sonorités eighties étaient encore convoquées, on passait de la très grande qualité des influences du premier album (Giorgio Moroder, Donna Summer, Kiss) à des sonorités moins chics (10cc et génériques de dessins animés). Le filon de la nostalgie semblait un peu trop exploité et seule l'illustration visuelle, offerte par le long métrage Interstella 5555, du créateur d'Albator, permettait d'apprécier l'album pour ce qu'il était, c'est-à-dire le rêve éveillé de gamins des années 80 qui imaginaient la bande-son de leur enfance sur fond de mangas.

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Dans ce contexte leur troisième album, Human after all, devait lever toute ambiguïté sur la capacité du duo à survivre au raz-de-marée qu'il avait lui-même provoqué, à réunir les deux camps que Discovery avait créés. Présenté comme plus spontané, réalisé en seulement six semaines, la recette Daft Punk tente de s'imposer dans ce dernier album : voix distordues, sons triturés par des effets de filtres caractéristiques, évocation nostalgique des années 80. Le premier single, Robot Rock, en est peut-être la meilleure illustration : mélodie simplissime digne du top 50, boucles répétitives à l'extrême, omniprésence de voix robotiques.

 

C'est hélas une catastrophe. Rien n'est pire que l'évocation qui nous offerte. Le travail du son est désastreux. L'album entier est composé uniquement de synthétiseurs Bontempi et de boîtes à rythmes désespérément binaires. Les voix semblent toutes sorties du larynx d'un personnage de dessin animé chantant la tête dans un seau. Les mélodies rappellent les pires ficelles du rock FM des années 80 : de Van Halen à Europe (Robot Rock) en passant par les ballades de Scorpion (The prime time of your life). Summum horrible, The Brainwasher, offre la diction d'un Dark Vador chanteur de death-metal, noyé sous des solos de synthétiseurs calamiteux. Même avec la meilleure volonté du monde et le moins exécrable titre de l'album, Steam Machine, seul morceau avec un semblant construction, on n'a en aucune façon le sentiment d'écouter de la musique, juste la copie d'une mauvaise bande son d'un jeu-vidéo des années 80, ou la pénible sonnerie d'un téléphone portable.

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L'exploitation des sons de leur enfance, poussée ici à l'extrême par les Daft Punk, démontre toutes les limites du filon de la nostalgie musicale. À force de vouloir faire du neuf avec du vieux, il n'y a plus que le pire à recycler. On ne peut plus parler de souvenirs, bons ou mauvais, mais juste d'une pitoyable régression infantile.

 

Cette critique est initialement parue il y a trois semaines dans Points de vue, un webzine culturel auquel je collabore et sur lequel vous retrouverez toutes mes humeurs musicales en exclusivité.

6 avril 2005

Black Mahogany - Moodymann

Faire de la musique à Détroit, c'est un enfer et un paradis, tout comme vivre dans cette ville des États-Unis. C'est évoluer dans une suite de quartiers ravagés par la drogue, la misère, le chômage. La musique a suivi l'histoire de la ville : Iggy Pop, Eminem, Tamla Motown et la techno. Tous sont nés là-bas et n'auraient pu naître ailleurs. La musique est en ce lieu un héritage lourd de spectres toujours vivants, et peut-être l'unique porte de sortie, surtout quand on est noir.

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Kenny Dixon Junior est producteur de musique électronique à Détroit. Il est plus connu sous le nom de Moodymann et constitue une référence en matière de housemusic. Et de la housemusic de qualité, s'il vous plaît, le genre de morceaux qui vous donne envie de bouger les fesses, mais sur des rythmiques élaborées, tout sauf binaires. Dans ses productions, il n'y a pas de recettes faciles, ni de gimmicks pour faire des tubes de l'été, ni de sons filtrés. Chaque album est un parti pris clairement motivé par une volonté de soigner la qualité du son et d'obtenir une certaine forme de perfection.

 

Black Mahogany est la cinquième réalisation personnelle de l'artiste. Il est déjà confirmé et adulé par les connaisseurs, et n'a donc plus rien à prouver. Il va pourtant se lancer un défi : faire un album-concept, qui raconte une histoire pendant soixante minutes, en dix morceaux qui s'enchaînent d'une traite. Une heure de house-music intelligente, destinée à la fois aux pistes de danse et à l'écoute sur canapé : ce n'est pas un challenge, c'est un exploit que seul Moodyman était capable de réaliser.

 

Dès l'ouverture de l'album, Holiday donne le ton. Huit secondes d'une grande guitare jazzy s'effacent progressivement pour une batterie subtile, des nappes de synthés légères, la voix rauque et sensuelle de Roberta Sweed, des feulements funky. En trois minutes et demie, on frôle la perfection, on se plaît à rêver de tout un album de ce niveau. Et ce n'est pas le cas, c'est encore mieux : les morceaux s'enchaînent dans la continuité, chacun effaçant le précédent, le faisant paraître fade.

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Premier point culminant de l'album, les magnifiques douze minutes de Runaway déroutent. On s'attendait à un album qui raconte une histoire et on trouve finalement un morceau qui, à lui seul, en raconte dix mille. Runaway est tout à la fois dansant, cordial comme une fête entre amis, nostalgique comme un amour perdu, lascif tel un torride tête à tête dans des draps de satin, calme et reposant comme un fleuve qui suit son cours. C'est un paroxysme groovy, construit à la manière d'une symphonie. Rien que ça.

 

Pas une seule seconde de répit accordée après ce sublime intermède, il y a encore six joyaux à découvrir, plus courts mais pas moins soignés. Chacun nous offre une harmonie parfaite avec des rythmiques légères, des voix sensuelles, des basses rondes. L'ensemble est plein de surprises (le break de I'm doing fine), de clins d'œil (le sample d'ouverture de Back at Bakers)...

 

Moodymann, pour cet album, convoque toutes les musiques : la rythmique de la house, la douceur vocale de la soul, la sensualité de la funk, la délicatesse du jazz (les claviers Rhodes, le saxophone de Norma Jean Bell). Il pousse la perfection jazzy jusque dans les attitudes, ponctuant ses morceaux des vivas d'approbation d'un public de connaisseurs, comme au fond d'un caveau enfumé.

 

Il nous tend même une perche énorme avec Riley's Song, expliquant en une allusion sa volonté de faire un What's going on des années 2000. La comparaison avec Marvin Gaye est inévitable. Mais, dans cet album, il y a aussi un peu de la magie de Stevie Wonder, du génie de Prince, du groove d'Isaac Hayes, du sexappeal de Diana Ross, en un mot plus simplement, du talent de Moodymann.

 

Cette critique est initialement parue il y a trois semaines dans Points de vue, un webzine culturel auquel je collabore et sur lequel vous retrouverez toutes mes humeurs musicales en exclusivité.

30 mars 2005

Sortir ce soir - Etienne Daho

 

C'est parce qu'Etienne Daho est une exception dans le paysage musical francophone qu'on a dit tout et n'importe quoi sur lui. Entre autres, une rumeur avait annoncé sa mort il y a quelques années, des quolibets incessants ont fusé sur son éventuel manque de voix. Tout est faux bien sûr et ce n'est certainement pas la sortie de Sortir ce soir - Best of live qui confirmera ces inepties. Celles-ci ont existé uniquement parce que Daho est atypique, assumant à la fois sa condition d'artiste de variété et des influences anglo-saxonnes qu'elles soient pop, rock, voire électronique.

 

Cette captation de la dernière tournée s'inscrit donc dans la lignée des deux précédents albums live : Daholympia et le double-CD Daholive. Et, comme toujours, la magie opère : la voix qui susurre sur un fond pop-rock fait son effet et on frissonne comme si l'on était dans la salle. Dès Des attractions désastres, le titre d'ouverture, le ton est donné : Etienne Daho, c'est de l'énergie sur scène au service de textes à l'écriture subtile, et de mélodies tour à tour insouciantes et mélancoliques.

 

L'enchaînement des chansons joue beaucoup sur les changements de climats. Les orchestrations sont acoustiques et dépouillées pour les morceaux plus lents (avec une formidable interprétation de Comme un boomerang qui sublime le texte de Gainsbourg) et beaucoup plus rock pour les chansons dynamiques (dont Sortir ce soir, qui nous ramène vingt ans en arrière, aux débuts de sa carrière). À l'émotion succède la fièvre passionnée : on a ainsi une excellente occasion de découvrir ou de redécouvrir le répertoire d'un Daho qui marque de sa touche personnelle tout ce qu'il chante, y compris les textes qu'il n'a pas écrits. On en oublierait presque que Mon manège à moi a été créé par Édith Piaf.

 

Chacune des plages nous offre donc un tube revisité adapté à la scène et au talent de l'artiste. Mais, au delà d'un catalogue de succès, on conserve avec l'album Sortir ce Soir le charme ambigu des textes et de la voix de Daho, et ce jusqu'à la subtile conclusion du concert par un Week-end à Rome acoustique.

 

On ne pourra donc que regretter la maladroite Bonus Track, qui constitue le single extrait de cet album. Cette version de Sortir ce soir, avec les instruments live et une voix ré-enregistrée en studio, n'est pas à la hauteur du reste : la voix est mixée trop en avant avec des effets d'écho désastreux. Ce gâchis auditif, métallique et nasillard, écorche les oreilles après un album où tout n'était que nuances et subtilités.

 

Cette critique est initialement parue il y a trois semaines dans Points de vue, un webzine culturel auquel je collabore et sur lequel vous retrouverez toutes mes humeurs musicales en exclusivité.

16 mars 2005

The Cloud Making Machine - Laurent Garnier

S'il existe une référence et un modèle dans le petit monde électronique français, c'est bien Laurent Garnier. Il est, en vrac : DJ internationalement reconnu, compositeur épanoui, artiste de scène, patron d'un label, découvreur de talents. Rien que ça.
Ses albums précédents : 30, Unreasonnable behaviour ainsi que le coffret mixé Excess Luggage furent des succès autant au niveau critique que commercial. Il fut le premier à faire résonner des boîtes à rythme dans le mythique Olympia. FCom, le label qu'il dirige avec Eric Morand, est une véritable référence autant par la qualité que pour les risques pris en signant avec des artistes débutants. Autant dire que son nouveau disque était attendu, surtout à un moment où la scène électronique manque un peu d'inspiration.

 

The Cloud Making Machine est donc arrivé, surprenant à plus d'un titre. Exit les pistes de danse pour celui qui sait si bien faire remuer des milliers de fesses, place à un disque d'atmosphères et d'ambiances. L'album se caractérise par la présence de nombreux instruments "organiques" : des cordes arabes (un oud), un sax, les claviers de Bugge Wesseltoft, et même des voix ... En gros, tout y est réuni pour produire ce qui pourrait être l'album raté d'un compositeur électronique qui voudrait acquérir une respectabilité et une crédibilté dans une musique dite plus sérieuse. Les exemples ne manquent pas de ceux qui s'y sont essayés et ont produit soit une pâle copie de bande-originale de film, soit un album fastidieux, voire pire, les deux ...

 

Sauf que Laurent Garnier réussit quand même à nous épater un peu ... Dès les premières notes, on identifie clairement le "son Garnier" si caractéristique, à base d'accords mineurs. Et morceau après morceau, les ambiances du début de l'album se succèdent avec réussite : le sublime et déchirant Huis Clos, le sombre et oppressant Barbiturik Blues. En aucun cas, les parties des "vrais" instruments ne semblent posées sur les rythmiques électroniques pour faire crédible : l'ensemble est harmonieux et bien organisé.
La seconde moitié de l'album est plus déroutante et inégale. Pour le pesant cri de colère First Reaction et l'hommage un peu potache au rock de (I wanna be) waiting for my plane, on n'aura droit qu'à un clin d'œil digne d'intérêt à la dance music avec l'excellent Controlling the house Pt. 2.

 

Ce n'est donc au final qu'un succès mitigé car on était en droit d'exiger un coup de maître de ce monsieur - qui en est un, de maître. Ce goût d'inachevé vient autant des morceaux "seulement" à demi réussis, que du manque global d'unité qu'ils procurent à l'ensemble de l'album. Certes, ce genre de projet soulève des espérances parfois démesurées. Et peut-être que les rares références de succès absolu dans cette catégorie - je ne citerais qu'Innerzone Orchestra, le projet de Carl Craig - sont tout bonnement inaccessibles.

 

Cette critique est initialement parue il y a trois semaines dans Points de vue, un webzine culturel auquel je collabore et sur lequel vous retrouverez toutes mes humeurs musicales en exclusivité.

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10 janvier 2005

Putain, j'ai vraiment pas de tête

J'ai oublié que c'était l'anniversaire de ma maman ... Ca craint, je me retrouve avec une carte postale bien ridicule (que j avais choisie exprès au supermarché, c'est là qu'on trouve les plus laides) que je vais pas pouvoir poster vu que c'est passé.

Je vais quand même préciser une chose importante :
j'adore ma maman mais c'est pas pour ça que je lui envoie pas de cartes laides.

D'abord, parce que depuis l'age de 16 ans, j'ai parfois un goût prononcé pour le kitsch qui m'a poussé à quelques excés de mauvais goût pas toujours du meilleur effet : adoption d'une famille de nains de jardins - ils terminent leur vie tranquillement dans le jardin de mes parents, début d'une collection de boules qui font de la neige quand on les retourne heureusement vite abandonnée faute de place - là encore, mes parents en ont hérité et la perpétue avec joie, se délectant des plus laides.

 

Ensuite, parce que j'aime parfois être en décalage, faire preuve d'attention mais à ma manière, j'ai pendant très longtemps emballé mes cadeaux dans des papiers inutiles (prospectus de supermarché, journaux gratuits) plutôt que dans un sempiternel papier étoilé et brillant.

J'ai la prétention que penser qu'on a le droit d'avoir mauvais goût à condition de le savoir et de ne surtout pas hésiter à le reconnaître ...

 

D'ailleurs, oui, j'aime les films nazes des années 70 (avec les Charlots, Pierre Richard ou surtout Jean Lefebvre).

 

Oui, il m'arrive aussi d'écouter de la musique improbable (d'ailleurs, essayez la soundtrack du bas, vous allez être gatés ...).

 

Oui, je lis des romans de gare écrit avec les pieds quand je prends le train (depuis la mort de l'immense Frédéric Dard, mes compagnons de voyage favoris : Bérurier et San Antonio sont parfois absents des étalages dans la rue du quai).

 

Oui, j'aime aussi les jeux de mots nazes, les blagues nulles et absurdes qui font rire personne (d'ailleurs, si vous en avez des vraiment bien nulles hésitez pas à répondre, évitez juste celle avec les deux steaks hachés parce que je l'aime pas).

 

Et surtout, j'aime ma maman et j'ai vraiment honte de pas lui avoir envoyé sa carte ... M'enfin, je lui ai quand même téléphoné et je me rattraperais en lui achetant un joli cadeau ...

Soundtrack du jour :

Un morceau qui est bien kitch.

En plus, je l'ai vu en en vrai, c'est un vieux monsieur charmant et adorable.

Il a l'air tout à fait normal et pourtant il osé faire des trucs comme ça.

Une production électronique kitchissime, je sais pas si c'est fait exprès mais moi j'adore...

JeanJacquesPerrey_AmazingNewSounds

Mary France (1968)
 

Jean-Jacques Perrey

The Amazing New Electronic Pop Sounds Of (Vanguard)

http://www.exmodels.com/music/jjp/

8 janvier 2005

Un vendredi comme un autre

C'est toujours rigolo de traîner dans une ville la nuit .... Surtout Paris, dont le coeur ne s'arrête jamais vraiment de battre, et surtout un vendredi soir, quand il y a un petit peu plus d'agitation ...
 
En un tour de pâté de maison et le temps d'une cigarette, j ai eu le temps de contempler un fragment de mon trop calme quartier qui s'agite quand même un peu à ce moment de la semaine ...


Silhouettes furtives aux pas rapides de jeunes filles qui sortent du métro pour regagner leur appartement, rades de coins de rue pourris à la population alcoolisée, alcoolique et décidément pas attachante, épiciers sur le pas de leur magasin jugeant d'un oeil de l'heure de remballage de l'étal. Et puis il y a toujours cette magie des fenêtres ouvertes ...


En effet, les soirs de week end, des gens, hiver comme été, font la fête et offrent à la rue la bande-son de leur soirée ... Ce qui me donne l'occasion, à moi petit curieux de musique, d'essayer de cerner leur caractère et leur personnalité ...

Exemple :
Un soir de match de rugby, à la mi-temps, par une fenêtre d'où s'échappaient des effluves anisées, j'ai eu le bonheur d'entendre Jump de Vangelis, joué à fond les potards sur une chaîne Hifi Darty ... Grand moment, on se serait cru au stade, manquait plus que l'odeur de merguez ! Sauf que toutes les bonnes choses ayant une fin, Jump - que je trouve personnellement très pénible au bout de 5 secondes - se termine. Et là le drame se noue ... Ce morceau est un paroxysme, un climax qui vous fait sauter partout une bande de supporters en furie ... Qu'enchainer après ?
 
Et bien, sans hésiter, nos fans trépidants ne firent ni une ni deux et jouèrent, je vous le donne en mille, la même ... Une deuxième fois ... Honnêtement, même sans aimer ni cette musique, ni cette ambiance de franche camaraderie virile, le mec qui a remis le morceau, il n'est pas DJ mais il sait retourner un dancefloor et il a su trouver le seul morceau nécessaire pour attendre le début de la deuxième mi-temps ...

Pourquoi cette digression direz-vous ? Parce que ce soir j'ai capté des fragments d'un artiste que j'avais complétement oublié et qui sonorisait tout le carrefour.  Huey Lewis ... And the News, s'il vous plaît ... et pas le morceau que tout le monde connaît (Power Of Love) non tout un album ...
 
Depuis j ai peur ... Je me demande si le monsieur qui écoutait ça à fond est vraiment un fan, ou si j'ai un Patrick Bateman bis qui traîne au coin de ma rue. L'un dans l'autre, ce serait cool d'avoir un voisin un peu cultivé qui a des lettres et connaît son Brett Easton Ellis par coeur ... Mais, bon, d'un autre côté ça donne pas envie de traîner seul le soir dans la rue ...


Soundtrack du jour :

Je vais vous donner un morceau qui frime si vous faîtes la fête la fenêtre ouverte.
Un de ceux qui font que les voisins sonneront à la porte pour demander ce que c'est.
Doux et beau et grand, du velours pour les oreilles ...

TheSpecials_GhostTown

Friday Night Saturday Morning (1981)
 

The Specials

Ghost Town (Two Tone Records)

http://ska.about.com/od/thespecials/

 Wish I had lipstick on my shirt, instead of piss stains on my shoes ...

7 janvier 2005

Mes débuts face au monde

 

Voici donc les tous premiers débuts de mon blog qui consistera en un exercice de style qui me permettra, j'espère de m'atteler à la tâche de l'écriture avec un peu plus d'assiduité.
Pour les présentations, vu qu'il en faut bien, je suis un garçon parisien, j'ai 28 ans, travaille comme ingénieur pour une industrie dont je réprouve à la fois l'organisation et les produits ...
Pour une présentation moins sombre de moi-même, je me définirais comme passionné. Animal culturel, je suis mélophage comme d'autres sont mélomanes, collectionneur invétéré de musiques et montreur de sons à mes heures qui aime autant faire découvrir des choses à autrui que les trouver lui même ...
Mes goûts musicaux sont variés, même si j'avoue plus que des préférences pour les musiques du monde, la musique électronique, quelques vieux trucs indy-rock ...
J'essayerais d'ailleurs, autant que possible, d'ajouter en fin de chaque article de ce blog une petite note de bande son qui reflète mon humeur du jour ...
J'aime aussi causer, dialoguer avec les gens et, là-dessus, j'avoue que j'ai enfin (Merci les Instant Messengers) réussi à trouver des contacts intéressants de par le monde ... De ceux qui vous font voyager immobile et mieux comprendre la culture d'autrui (j'ai en vrac quelques correspondantes aussi variées qu'une business-woman chinoise, une étudiante québécoise, une avocate péruvienne, une femme au foyer palestinienne).
Oui, je ne dialogue qu'avec des filles, habitude de célibataire endurci ... lol
Je lis beaucoup, surtout des essais, peut-être la fiction et le rêve, m'ont-ils pour le moment délaissés ... Je ne doute pas qu'ils reviennent bientôt cependant ...

Voilà, c'est pas si mal pour un début non ?

Sound track du jour :
J'ai envie d'un truc noir dur sombre, un peu comme mon humeur ...
Un truc qui oppresse, dont on ne puisse pas sortir facilement , qui donne cependant envie d'y rester dans cette noirceur ...
Une rythmique obsédante, des guitares malsaines.
Un phrasé suffocant, que du sombre, excepté la voix cristalline de Martina.

Tricky_Pre-MilleniumTension

Vent (1996)

Tricky

Pre-Millenium Tension (Fourth & Broadway)

http://www.moon-palace.de/

 Don't push me 'cause i'm close to the edge ...

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